18/08/2011 Texte

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L’appel à la démission du président Al-Assad sonne-t-il le glas du régime syrien ?

Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, plusieurs pays occidentaux ont appelé le président syrien Bachar al-Assad à la démission. Un appel qui sonne la fin probable du régime, selon Antoine Basbous, spécialiste du monde arabe. "Le temps est venu pour le président Assad de se retirer." La pression sur la Syrie s’est accentuée d’un cran ce jeudi. Pour la première fois, le président américain Barack Obama a explicitement appelé Bachar al-Assad à la démission. Un appel relayé quasi simultanément par son homologue français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, les Premiers ministres britannique et canadien, David Cameron et Stephen Harper, ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. "Nous avons à maintes reprises expliqué que le président syrien devait mener une transition démocratique ou démissionner. Il ne l’a pas menée", a déclaré Barack Obama dans un communiqué. "Dans l’intérêt du peuple syrien, il est donc temps pour le président Assad de se retirer." "La fin programmée du régime" Ce signe fort de plusieurs poids lourds de la communauté internationale peut être perçu comme la mise en place d’un "nouvel ordre de bataille", selon Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes. "La terreur qu’inspirait la Syrie n’a plus lieu d’être. Nous sommes désormais à un moment capital", estime le spécialiste qui n'hésite plus à parler de "fin programmée du régime." Après six mois de révolte, "nous sommes à l’aboutissement d’un processus irréversible", affirme-t-il à France24.com. Après plusieurs condamnations publiques, nombre d’appels à l’arrêt de la répression - autant d’avertissements restés lettres mortes -, "les Occidentaux ont compris que la voie de la négociation n’était plus possible", explique de son côté Marc Perelman, spécialiste de politique internationale sur France 24. "Faute d’intervention militaire, ils leur restaient à privilégier la carte de la pression diplomatique", ajoute t-il. Restait à trouver le moment opportun. "Ce n’est pas un hasard si les Etats-Unis se prononcent aujourd’hui plus durement, la Syrie est désormais isolée, seul le régime iranien soutient encore le président Assad, comme le rappelle d’ailleurs le communiqué de la Maison Blanche", poursuit Marc Perelman. De fait, les Américains n’auraient pas pris le risque d’exiger ce départ sans l’aval de leurs alliés internationaux. "Le gouvernement américain n’a jamais voulu être en première ligne dans la crise syrienne, il a attendu que les alliés du pouvoir syrien - la Turquie, le Bahreïn, le Qatar, l’Arabie Saoudite... - prennent leur distance avec le clan Assad avant d’ouvrir les hostilités diplomatiques", estime le directeur de l’Observatoire des pays arabes. Nouvelles sanctions contre Damas L’assaut n’est seulement diplomatique. De nouvelles sanctions financières - venant s’ajouter à celles déjà mises en œuvre par l’Union européenne, les États-Unis ou le Canada - ont été adoptées. Le président Obama a en effet annoncé avoir signé un décret interdisant l'importation de pétrole (et de produits dérivés) et gelant tous les avoirs que Damas pourrait avoir sous juridiction américaine. Lors d'une brève allocution jeudi, la secrétaire d'État Hillary Clinton a jugé que ces nouvelles sanctions frappaient le régime syrien "en plein cœur." Ces derniers jours, elle avait déjà appelé à un embargo général pour "isoler" davantage le pays. Si la question de l’impact de ces mesures d’isolement économique sur la population se pose, Antoine Basbous estime que le risque en vaut la chandelle. "La population syrienne n’a jamais été dans le confort et elle souffre déjà énormément sous ce régime", assure-t-il. Le Conseil de sécurité de l’Onu devait se réunir dans la soirée pour s’exprimer sur la publication d’un rapport accablant de l’ONU qui a recensé les actes de répression commis contre la population. Des actes qui pourraient relever de "crimes contre l'humanité", selon les experts de l'enquête, qui appellent le Conseil de sécurité à "envisager de saisir la Cour pénale internationale." De son côté, Bachar al-Assad - qui a promis mercredi au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de mettre fin à la repression - n’a pas encore officiellement réagi. Seul un haut responsable du ministère syrien de l’Information, Rim Haddad, fait part à l’AFP de son étonnement : "C'est tout de même étrange qu'au lieu d'offrir leur aide [à Damas, NDLR] pour appliquer son programme de réformes, Obama et le monde occidental cherchent à attiser la violence en Syrie."

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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