11/05/2011 Texte

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Antoine Basbous reproche à Bruxelles sa complaisance face à Bachar el-Assad

Romano Prodi et Antoine Basbous ont exposé à Genève leur idée du rôle que peut jouer l’Europe dans les révoltes arabes

«Où est donc l’Europe?» Lors d’un débat sur le printemps arabe, hier à Genève, Antoine Basbous, expert du monde arabe, a regretté le manque de fermeté de l’Union européenne contre le président Bachar el-Assad en Syrie, qui échappe aux sanctions de Bruxelles prises contre d’autres membres du régime. Son contradicteur, l’ex-président de la Commission européenne Romano Prodi, s’est défendu tant bien que mal: «Je me bats pour un rôle plus actif, mais ce n’est pas facile de convaincre 27 Etats membres.» «L’Europe était un laboratoire, elle risque de devenir un musée», ajoute l’ex-président du Conseil italien. Il explique la faiblesse politique du Vieux-Continent par le manque d’unité et de solidarité entre les Etats membres, alors «qu’il faudrait aller plus loin dans les institutions, notamment avoir une diplomatie et une armée communes». De fait, difficile en étant en crise de jouer un rôle collectif majeur dans les pays arabes. Et il ne risque pas d’être contredit par Antoine Basbous. Revenu récemment d’Egypte, le directeur de l’Observatoire du monde arabe à Paris craint un enlisement des révolutions et un retour des islamistes qu’il juge très présents. «Ces jeunes qui ont fait la révolution ont peu d’expérience politique, contrairement aux islamistes, qui sont très structurés.» Le chercheur souhaiterait également voir l’armée en Egypte plus présente pour un retour à la stabilité, «afin qu’après le printemps arabe, on ne passe pas directement à l’hiver, qui risque d’être rude». Mais tous deux sont tombés d’accord pour conserver l’espoir «que la peur et la démagogie ne prennent pas le dessus, car l’Europe et le monde arabe ont forcément un destin commun». Farid Omeir

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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