06/08/2010 Texte

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Proche-Orient

A l’heure actuelle personne ne veut la guerre

Antoine Basbous , le spécialiste du Proche-Orient, ne croit pas à une escalade militaire actuellement ,après l’affrontement entre Israël et l’armée libanaise qui a fait quatre morts, mardi, lors d’un accrochage à la frontière. Il se dit en revanche inquiété par les menaces du Hezbollah. D’ici à la fin de l’année, plusieurs membres de la milice chiite pourraient être accusés par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) d’avoir participé à l’attentat contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, en 2005. Le chef du Hezbollah a déclaré qu’il ne se laisserait pas faire. Le Parisien : L’échange de tirs entre les armées israélienne et libanaise était-il prévisible ? Antoine Basbous : La tension est forte dans cette région et un accident peut dégénérer à tout moment. Ceci dit, l’accrochage n’était programmé ni par Israël, ni par l’armée libanaise, ni par le camp qui regroupe le Hezbollah, l’Iran et la Syrie. La preuve, c’est qu’il n’y a pas eu de suite. Les choses se sont calmées. A l’heure actuelle, personne ne veut la guerre. Le Parisien : Comment expliquez-vous la réaction de l’armée libanaise ? Antoine Basbous : Selon l’ONU, les soldats libanais n’auraient pas dû ouvrir le feu (NDLR : l’arbre de la discorde se trouvant en territoire israélien), même si cette zone géographique est l’objet de contestation. L’accident n’était pas calculé. Il est clair que l’armée libanaise, notamment les unités qui se trouvent au sud du pays, est proche du Hezbollah. Cette proximité a dû jouer dans la réaction des soldats face à l’incursion israélienne. Mais encore une fois, si cela n’est pas allé plus loin, c’est qu’une confrontation générale n’est à l’agenda ni des uns ni des autres, en tout cas au jour d’aujourd’hui. Le Parisien : Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a clairement indiqué qu’il ne laisserait pas inculper certains membres de sa milice par le tribunal international chargé d’enquêter sur la mort de Rafic Hariri en 2005… Antoine Basbous : C’est une menace très sérieuse. Le Hezbollah craint d’être désigné comme participant à l’attentat et que certains de ses dirigeants soient associés à la Syrie dans cette affaire. Nasrallah veut discréditer le tribunal international, voire le torpiller. Mais cela paraît impossible : ce dernier est placé sous l’autorité du Conseil de sécurité de l’ONU. Personne ne peut arrêter le processus. Que se passera-t-il si les craintes du Hezbollah sont vérifiées ? Il y a un sérieux risque d’un coup de force par les armes, comme cela s’était passé à Beyrouth en mai 2008. Mais le gouvernement ne peut pas céder. La justice internationale doit aller jusqu’au bout. Frédéric Gerschel – Le Parisien

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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