02/06/2010 Texte

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Un an après le discours du Caire, le soutien à Israël pèse sur Obama au Proche-Orient

Par Christophe de ROQUEFEUIL - AFP

LE CAIRE, 2 juin 2010 (AFP) - Un an après son discours du Caire, Barack Obama a amélioré l'image de son pays mais son message aux musulmans reste brouillé par les liens étroits de Washington avec Israël, encore mis en exergue par l'affaire de la flottille pour Gaza, estiment des experts du monde arabe. Après ce discours prononcé le 4 juin 2009, "certains pensaient qu'il était sincère, d'autres qu'il ne l'était pas", relève Imad Gad, du centre al-Ahram d'études politiques et stratégiques du Caire. La réaction américaine ménageant Israël malgré le tollé mondial après l'assaut sanglant des forces israéliennes "fait pencher la balance en faveur de ceux qui pensent qu'il n'a fait que de la rhétorique", ajoute-t-il. Washington a oeuvré à l'ONU pour une déclaration évitant de faire porter explicitement à Israël la responsabilité de l'origine des violences. Les réactions américaines mesurées envers l'Etat hébreu ont également remis en évidence les relations privilégiées entre les deux pays, l'un des principaux griefs du monde arabe envers les Etats-Unis. Dans ce contexte, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé mercredi qu'il allait demander au président américain "des décisions courageuses pour changer la face" du Proche-Orient. Pour Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes à Paris, cette affaire risque de relancer le sentiment répandu que "l'Amérique est le parrain international d'Israël". Mais il fait aussi observer que Washington a su, après le discours du président Obama, marquer des "évolutions" souhaitées dans le monde arabe et musulman. Il a ainsi abandonné la référence à la "guerre contre le terrorisme" chère à son prédécesseur George W. Bush, souvent perçue comme le prétexte à une politique d'hostilité envers l'islam. Washington a également soutenu, au grand dam d'Israël, l'accord de la Conférence de suivi du Traité de non-prolifération (TNP), qui montre du doigt les activités nucléaires de l'Etat hébreu, fait observer M. Basbous. Depuis un an les pays arabes modérés "estiment qu'il y a une inflexion" sur plusieurs points de la politique américaine, même s'ils "reconnaissent qu'elle n'a pas apporté de miracle", relève-t-il. Soucieux de rompre avec George W. Bush, Barack Obama avait appelé depuis la capitale égyptienne à un "nouveau départ" entre les Etats-Unis et le monde musulman, "fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel". Le discours destiné à 1,5 milliard de musulmans dans le monde avait été diffusé par plus de 30 télévisions du Proche-Orient, témoignant d'une énorme attente dans l'opinion. Pour Paul Salem, du Carnegie Middle East Center de Beyrouth, "Barack Hussein Obama, de par son nom et son discours, a dans une large mesure calmé le jeu" avec les musulmans. Mais l'absence de succès notable dans le dossier israélo-palestinien montre les limites de son opération de charme, même si les Arabes reconnaissent qu'il n'a pas la partie facile face au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "L'incapacité, ou le manque de volonté, à mettre une vraie pression sur Israël constitue une réelle déception pour le monde arabe", affirme Paul Salem. "Il y a un changement dans les déclarations et les annonces américaines depuis le discours d'Obama, mais cette différence ne s'est pas traduite par des changements cruciaux sur le terrain", estime quant à lui Samir Awad, professeur de relations internationales à l'université palestinienne de Bir Zeit. Christophe de Roquefeuil AFP

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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