01/04/2009 Texte

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La communauté internationale, partenaire embarrassé de Netanyahu

PARIS, 1 avr 2009 (AFP) - Le nouveau gouvernement israélien conduit par Benjamin Netanyahu embarrasse la communauté nternationale, résignée à travailler avec lui tout en cherchant à le convaincre d'assouplir ses positions envers les Palestiniens, estiment des spécialistes et des diplomates. "Il est difficile de disqualifier d'emblée" le nouveau gouvernement, même si de nombreuses capitales sont de fait "consternées par le résultat des élections", estime Denis Bauchard, de l'Institut français des relations internationales (Ifri). "Nous continuerons à travailler avec le gouvernement israélien, mais nous avons toujours dit très clairement que nous attendons qu'il s'engage sur une solution à deux Etats" israélien et palestinien, a expliqué la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner. M. Netanyahu a pris ses fonctions mercredi à la tête d'un gouvernement très marqué à droite, mais comprenant aussi des travaillistes, au premier rang desquelles le ministre de la Défense Ehud Barak. Mardi, le nouveau Premier ministre s'était déclaré favorable à des négociations de paix mais, malgré de nombreux appels européens et américains notamment, il n'avait pas fait mention de la perspective d'un Etat palestinien. Outre la question d'un Etat palestinien, les chancelleries étrangères redoutent un raidissement sur la colonisation juive en Cisjordanie, ou encore un dialogue plus difficile avec le monde arabe. De nombreux responsables étrangers avaient discrètement placé leurs espoirs dans la rivale de M. Netanyahu, Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères dans le cabinet sortant et désormais remplacée par l'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a implicitement trahi l'embarras international mercredi en adressant des "félicitations" et des voeux de "partenariat confiant" à M. Netanyahu, tout en insistant sur la nécessité de parvenir à "l'émergence d'un Etat palestinien". "Il y a des décisions qui doivent être prises maintenant qui sont des décisions claires et évidentes", a déclaré l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, en appelant à une solution à deux Etats. Pour Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes (Opa), les Occidentaux "ne jetteront pas l'oppobre sur Israël, ils n'appelleront pas au boycott ou quoi que ce soit de similaire". Les pays arabes, quant à eux, seront plus critiques, mais "ils comptent sur le président américain Barack Obama pour assouplir la position israélienne". Le choix d'Ehud Barak pour conserver le portefeuille sensible de la Défense vise manifestement à calmer les inquiétudes internationales, mais les spécialistes sont partagés sur cette stratégie. "Nous sommes moins inquiets avec la participation de Barak au gouvernement. Cela recentre l'équipe. Les différentes composantes de la coalition israélienne ont plutôt bien négocié entre elles", estime un diplomate français. David Makovsky, du Washington Institute for Near East Policy, pense aussi que "l'entrée d'Ehud Barak dans le cabinet Netanyahu devrait apporter de l'équilibre et de la stabilité". "Les officiels américains le connaissent bien, cela pourrait aider Netanyahu à désamorcer des tensions avec Washington", ajoute M. Makovsky dans une tribune publiée par son institut. Pour Antoine Basbous en revanche, le dirigeant travailliste "rend ce gouvernement plus présentable", mais sur le fond, cet artisan de la meurtrière offensive sur Gaza de l'hiver dernier "n'est pas un homme de paix". "On cherche une feuille de vigne pour ne pas critiquer ouvertement ce gouvernement, et cette feuille de vigne c'est Ehud Barak", estime-t-il.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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