18/06/2008 Texte

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Gaza: l'Egypte s'est remise en selle diplomatiquement

LE CAIRE, 18 juin 2008 (AFP) - L'Égypte s'est remise en selle diplomatiquement par son rôle clé entre Israël et le mouvement islamiste Hamas en faveur de la trêve des violences qui débute jeudi dans la bande de Gaza. Après des mois d'efforts, c'est le Caire qui a annoncé mardi cet accord entre les ennemis israéliens et palestiniens, qui refusaient de se parler en direct. "L'Égypte seule peut parler à tous, notre rôle fut très important pour parvenir à ce premier grand pas", a dit à l'AFP Mohammed Bassiouny, président de la commission des affaires étrangères de la sécurité nationale du Sénat. Pour cet ancien ambassadeur égyptien en Israël, "ce n'est pas terminé, la trêve n'est qu'un début, notre agenda est bien rempli pour que la paix revienne dans cette région". Grand artisan de la trêve Israël-Hamas, le chef des services secrets égyptiens, Omar Souleimane, 74 ans, a gardé le silence, ne quittant pas l'ombre qui sied à ce personnage aussi énigmatique qu'incontournable. Mais au Caire, comme à Jérusalem, Gaza ou Ramallah, chacun sait que patiemment, se déplaçant, recevant ou téléphonant, il a forcé l'accord de tous, et s'est porté garant d'une trêve fragile. C'est lui qui, à partir de la deuxième intifada, en 2000, avait déjà négocié des trêves, plus ou moins tenues, entre Israéliens et différentes factions palestiniennes, en 2001, 2003 et 2005. "Omar Souleimane était en première ligne, mais c'est l'Egypte comme pays qui a joué le rôle principal après bien des échecs", a commenté auprès de l'AFP Imad Gad, chercheur au centre d'études stratégiques d'Al-Ahram. De son côté, Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire du monde arabe, basé à Paris, a convenu que l'Egypte avait "repris une position régionale et internationale qu'elle n'aurait jamais du perdre. Pourvu que cela dure". Alliée des États-Unis, mais en mauvais terme avec l'administration Bush, la plus grande nation arabe, avec 80 millions d'habitants, avait vu son influence se faner dans le monde sunnite au profit de l'Arabie Saoudite. Non prévue au Caire, la prise de Gaza par le Hamas, il y a un an, avait révélé l'impuissance de l'Egypte à exercer une influence modératrice dans un territoire qu'elle administra jusqu'à la défaite israélo-arabe de 1967. Pour faire pression sur l'Égypte, le Hamas avait fait sauter à l'explosif en janvier la frontière de Rafah, permettant pendant 10 jours à des centaines de milliers de Palestiniens de s'engouffrer sur le sol égyptien. "Le péril était à sa porte, avec le risque de contagion islamiste, l'Égypte a dû renouer le dialogue avec le Hamas sans abandonner le Fatah", estime M. Gad, pour qui "il y a eu consensus palestinien pour lui donner sa place". M. Bassiouny a confié que, dès la semaine prochaine, l'Egypte serait l'hôte des diverses factions palestiniennes, du Fatah du président Mahmoud Abbas, aux groupuscules radicaux, en passant par le Hamas. "Il n'y aura pas d'État palestinien sans l'unité du peuple palestinien, cela va être difficile mais nous continuerons nos efforts", sous l'égide de la Ligue arabe, basée au Caire, a-t-il souligné. Il a confirmé que l'Égypte œuvrerait immédiatement en faveur de la libération de prisonniers palestiniens, en échange du soldat israélien Gilad Shalit, capturé il y a deux ans en bordure de la bande de Gaza par des groupes palestiniens. Pour Imad Gad, il est aussi remarquable que la Syrie, qui abrite une partie de l'état-major du Hamas, dont le chef en exil Khaled Mechaal, ait soutenu mercredi l'accord de trêve par la voix du chef de sa diplomatie, Walid Mouallem. Signe, pour Antoine Basbous, qui le lie avec un apaisement apparent du front nord d'Israël, que "quelque chose de beaucoup plus important se prépare, peut-être une opération israélienne contre l'Iran".

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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