21/01/2007 Texte

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Appel à la grève au Liban: un test important pour l'opposition

(Papier d'Angle)

BEYROUTH, 21 jan 2007 (AFP) - Les leaders de l'opposition libanaise ont haussé le ton avant la grève générale prévue mardi, promettant des actions inédites, dans ce qui semble être un test important de leur popularité, ont estimé dimanche des analystes.

"A partir de mardi, ils (les membres du gouvernement) vont voir quelque chose qu'ils n'ont jamais vu!", a menacé l'ancien ministre Samir Frangieh, l'un des ténors de l'opposition, qui réclame un gouvernement d'union nationale et des élections législatives anticipées.

Vendredi déjà, le chef du Hezbollah, fer de lance de l'opposition, Hassan Nasrallah, avait annoncé une "action efficace et très importante" contre le gouvernement de Fouad Siniora, accusé d'accaparer le pouvoir.

µ De son côté, le général Michel Aoun, autre leader de ce camp, a appelé à une participation massive au mouvement de grève. "Fermez!", a-t-il lancé lors d'une réunion des cadres de son parti, le Courant patriotique libre (CPL), pour préparer la grève.

Critiquant avec force le chef de la majorité parlementaire Saad Hariri et son parti, M. Aoun les a comparés "à une corde de pendaison". "Coupez-la avant de vous retrouver pendus à son bout", a-t-il dit, applaudi par l'auditoire.

Réagissant à ces appels, des dirigeants de la majorité, en tête desquels son chef, ont exhorté les Libanais à les ignorer, surtout que la grève est prévue 48 heures avant une conférence internationale d'aide économique au Liban, prévue dans la capitale française.

D'ores et déjà, plusieurs associations et syndicats professionnels ont appelé à ne pas observer la grève, dans un pays plongé dans une grave crise économique, ayant suivi la guerre de l'été entre le Hezbollah et Israël.

Selon M. Hariri, ce mouvement vise "à saboter Paris III à partir de Beyrouth". "Mais Beyrouth ne fermera pas sa porte à la vie", a-t-il dit dans un communiqué.

Le gouvernement de Siniora doit présenter lors de cette réunion un plan de réformes économiques, pour assainir les finances du pays dont la dette publique s'élève à environ 41 milliards USD.

Si elle dit appuyer le principe de cette conférence, l'opposition rejette le plan de réformes, qui prévoit des privatisations et une hausse progressive de la TVA.

Cette grève sera la première mesure d'escalade dans le mouvement anti-gouvernemental, depuis le début le 1er décembre d'un sit-in des partisans de l'opposition au coeur de Beyrouth.

Elle sera donc "un test de la popularité de l'opposition", indique le juriste Sami Salhab. "Il s'agit de la dernière mesure démocratique" à laquelle l'opposition pourrait avoir recours.

"Ca fait plus de 50 jours qu'elle manifeste, sans autre résultat que la paralysie des institutions de l'Etat. Si jamais la grève échoue, l'opposition devra rentrer chez elle", estime-t-il.

Pour Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, basé à Paris, l'enjeu de cette grève est "de donner du souffle à l'opposition, de la souder", alors qu'elle présente déjà "des signes d'effritement".

Qualifiant la démarche de l'opposition de "surenchère" et de "radicalisation", surtout avant Paris III, il a cependant estimé que la grève avait des chances de réussir.

"Il est évident que le Hezbollah (soutenu par Damas et Téhéran) pourra toujours mobiliser (ses partisans), mais Aoun mobilisera moins car sa base (populaire) n'est pas sur la ligne de l'alliance avec l'Iran et la Syrie", affirme-t-il.

Donc tout succès de la grève sera, selon lui, "celui du Hezbollah, avec un couvert pour lui donner un aspect national".

Pour sa part, M. Salhab estime qu'une grève réussie "prouvera la popularité de l'opposition". "Le gouvernement devra alors revoir ses calculs", conclut-il.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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