«Al-Qaida pourrait perdre de sa dynamique»

Croyez-vous à la mort d'Oussama Ben Laden ?

J'attends avant de commenter. N'a-t-on pas déjà annoncé très souvent sa fin? Je m'étonne que cette mort soit provoquée par la typhoïde. Ce n'est pas foudroyant comme une crise cardiaque. Cette maladie se soigne. Al-Qaida ne manque ni d'argent ni de médecins dans cette région pour lui porter secours.

Pensez-vous qu'il puisse toujours se trouver dans les régions tribales, frontalières du Pakistan et de l'Afghanistan ?

Oui, Oussama Ben Laden est un homme très méfiant, qui ne fait confiance à personne. Il n'ira pas se cacher dans des villes pakistanaises comme certains de ses lieutenants, qui se sont d'ailleurs fait prendre. Sa tête est mise à prix des millions de dollars. Il sait qu'il serait dénoncé s'il vivait dans les agglomérations. Il préfère les montagnes et les grottes.

C'est apparemment la première fois qu'une note des services secrets évoquant la mort de Ben Laden monte jusqu'au président de la République française.

J'ai les plus grands doutes sur l'efficacité des services secrets. Ne disait-on pas le plus grand bien sûr les services israéliens avant l'intervention au Liban en juillet dernier? Or, ils ne savaient même pas que le Hezbollah possédait des missiles sol mer et antichars et avait creusé tout un réseau de souterrains sous Beyrouth. Quant aux services saoudiens, ils prennent souvent leurs désirs pour des réalités.

Malgré tout, la mort de Ben Laden peut-elle affecter sérieusement Al-Qaida ?

Oui. C'est un chef charismatique. Personne ne peut nier sa stature. Il a su donner une dynamique au Djihad, à la guerre sainte. Incontestablement, Al-Qaida pourrait perdre de sa dynamique avec sa disparition. Mais cette mouvance extrémiste ne risque pas de disparaître. Elle existe depuis le IXe siècle au sein de l'islam, et elle doit surtout sa vitalité actuelle aux pétrodollars de certains pays du Golfe. Quant à la mort de Ben Laden, j'y croirai comme pour la peau de l'ours, seulement quand je la verrai étalée.