21/06/2005 Texte

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Liban : Georges Hawi assassiné / « Un militant de l'indépendance, un patriote »

Quelle est votre réaction après la mort de Georges Hawi, ancien secrétaire général du Parti communiste?

Antoine Basbous : Cet assassinat vise à entretenir la terreur dans les rangs des partisans de l'indépendance, chez les anti-syriens, et à prouver qu'après le retrait de l'armée d'occupation, le Liban ne connaîtra pas la sécurité. Georges Hawi était un militant de l'indépendance, un patriote. Il avait eu des positions courageuses, il avait notamment été l'un des principaux artisans de l'intifada pour l'indépendance. C'était une figure nationale, connue dans les milieux intellectuels arabes. Il avait des relations anciennes avec les dirigeants et les personnalités politiques arabes et internationales. Depuis quinze ans, il s'était investi pour l'indépendance du Liban. Il a été l'un des hommes politiques les plus courageux pour réclamer le départ des chefs des services de renseignements libanais pro-syrien. C'est lui qui a invité les manifestants à se diriger vers le palais présidentiel pour déloger le Président de la République Emile Lahoud. L'appareil sécuritaire syro-libanais n'a pas été démantelé. Des services infiltrés par les Syriens peuvent commettre ce genre d'attentat ciblé.

Saad Hariri, le fils de Rafic Hariri, a remporté les élections législatives. Pensez-vous qu'il sera capable de gouverner le Liban ?

Antoine Basbous
: Saad Hariri n'a pas d'expérience en politique. Il a un grand héritage qui lui permettra de vivre sur cet acquis pendant plusieurs années, de le renforcer ou de l'user. Sur le plan intérieur, il faut trouver un gouvernement cohérent, réformateur et non corrompu, ce qui est une tâche difficile. Ces trente dernières années au Liban, beaucoup d'hommes politiques ont trempé dans la corruption. La corruption et la collaboration ont été les caractéristiques majeures de ces années de plomb.

Après ces élections législatives, comment voyez-vous l'avenir du Liban ?

Antoine Basbous
: Il y a plusieurs échéances pour le pays. Institutionnellement, il faut déterminer l'avenir du président de la République et voir s'il va être rattrapé par la commission d'enquête internationale, chargée de dire la vérité sur l'assassinat de Rafic Hariri. On peut aussi se demander comment le Liban pourra être gouverné avec un président qui est en rupture avec la majorité parlementaire. Pour que le pays ait un avenir, il faut que les Syriens ne soient plus présents au Liban, car des officiers sont toujours là, la classe politique est menacée. Par ailleurs, le Liban ne peut pas vivre avec deux armées, une officielle et une parallèle, il faut désarmer le Hezbollah. Avec la résolution 242 de 1967, le Conseil de Sécurité de l'ONU a ordonné à Israël de remettre les fermes de Chebaa à la Syrie, car en 1967 Israël avait occupé le territoire en le prenant à la Syrie. Le Liban n'a plus aujourd'hui de conflit de territoire avec Israël pour justifier le maintien d'une armée parallèle, celle du Hezbollah, qui collabore avec Damas et Téhéran. Il faut que le Liban n'ait plus qu'une seule force publique, l'armée libanaise.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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