09/02/2005 Texte

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Sommet de Charm El-Cheïkh

«Il faut impérativement établir un calendrier précis»

Partagez-vous l'optimisme qui règne autour du Sommet de Charm el-Cheikh ?

Les conditions d'un progrès vers la paix sont réunies. Tout reste cependant à confirmer. Des tonnes d'efforts doivent être déployées afin de mettre en place un processus, de construire la confiance... Et tout cela peut être balayé en un instant par un seul kamikaze, une seule charge explosive. Dans ce contexte, je fais preuve d'un optimisme prudent. L'environnement reste certes fragile mais il s'est nettement amélioré. Avec la disparition de Yasser Arafat et l'Administration Bush 2, le climat a changé. Cette dynamique peut se transformer en véritable opportunité. Cette rencontre au sommet était encore impensable voilà quelques mois.

Les Accords d'Oslo (1993) avaient été accueillis dans l'euphorie. Faut-il craindre une nouvelle désillusion ?

Il ne faut pas rester sur des acquis négatifs mais au contraire construire l'avenir. Oslo a échoué parce que beaucoup trop d'aspects étaient relégués à des négociations ultérieures, au cas par cas. Faire avancer le processus de paix passe impérativement par l'établissement d'un calendrier précis. Les grandes questions doivent être abordées au plus vite.

Ariel Sharon comme Mahmoud Abbas ne doivent-ils pas faire face à des fractures internes à leurs sociétés respectives ?

Ces fractures sont des obstacles mais aux leaders qui sont aux affaires de les gérer. Ils ont l'obligation de résultat. Si Ariel Sharon - avec les travaillistes dans son gouvernement - ne fait pas de concessions, qui sera en mesure de les faire? Jusque-là, Abbas, partisan de longue date de la démilitarisation de l'intifada, a fait preuve de courage et a commencé «à nettoyer la maison palestinienne». Si Sharon ne fait pas de concession, Abbas risque de passer, aux yeux d'une partie des Palestiniens, pour un agent d'Israël...

Comment analysez-vous l'absence de Condoleezza Rice à Charm el-Cheikh ?

Je pense que George W. Bush a été échaudé par l'expérience de Bill Clinton qui avait engagé toute son administration sur le dossier du Proche-Orient. L'équipe Bush 2 comprend les préoccupations sécuritaires d'Israël et veut respecter le rapport de force en faveur de l'Etat hébreu. George W. Bush n'en fait pas moins pression sur Ariel Sharon et reste le premier président américain à avoir parlé d'un Etat palestinien.

Mais c'est aussi aux autres membres du quartette (ONU, Russie, Union européenne), aux Etats voisins et à la communauté internationale dans son ensemble de remettre en selle la Feuille de route - ndlr: la feuille de route prévoit la création d'un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza - Que tout le monde s'y mette !

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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