15/04/2024 Texte

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L’attaque de l’Iran contre Israël est « un geste de défi très puissant »

Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l’Iran a lancé une attaque de drones et de missiles sur le territoire israélien. Antoine Basbous, politologue et directeur de l’Observatoire des pays arabes (OPA), cabinet de conseil en stratégie, livre au micro de Radio Classique son analyse de cette attaque et de ses possibles conséquences.

Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l’Iran a lancé une attaque de drones et de missiles sur le territoire israélien. Antoine Basbous, politologue et directeur de l’Observatoire des pays arabes (OPA), cabinet de conseil en stratégie, livre au micro de Radio Classique son analyse de cette attaque et de ses possibles conséquences.

« De belles images de lancement de missiles et de drones pour les Iraniens » et des dégâts de faible envergure du côté de l’Etat hébreu, tel est le bilan de la récente attaque de l’Iran envers Israël, selon Antoine Basbous, qui évoque une « chorégraphie très réussie d’un côté et de l’autre ». L’offensive aurait été « annoncée aux pays du voisinage 72 heures avant », permettant aux responsables israéliens de « [prendre] leurs précautions » et de mettre en place « toutes les mesures qu’il fallait pour qu’il n’y ait pas trop de dégâts ».

Du nombre de missiles à l’heure de début de l’attaque, Israël et son allié étasunien avaient été mis au courant de nombreux détails de l’attaque, selon le politologue. Malgré tout, celle-ci constitue un geste « de défi très puissant » de la part de l’Iran. « C’est la première fois depuis son existence, depuis 76 ans, que l’Iran a directement agi contre Israël », explique le directeur de l’OPA.

L’Irak, la Syrie, le Liban et les Houthis applaudissent l’attaque

« Le match est nul pour les iraniens », analyse-t-il après que la mission iranienne à l’ONU a invité les autres pays à considérer « l’affaire » comme « close » pour le moment. En effet, cette « réplique convenue » iranienne constituerait pour le pays une « réplique légitime de l’attaque de leur consulat à Damas » par Israël le 1er avril dernier. « Ils étaient obligés d’agir, sinon ils perdraient la face par rapport à leurs alliés et à leurs obligés régionaux », juge Antoine Basbous.

Les pays du « croissant chiite », qui rassemble l’Irak, la Syrie, le Liban et les rebelles Houthis au Yemen « applaudissent des deux mains », observe-t-il. A l’inverse, les pays sunnites comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis ou la Jordanie « ne sont pas solidaires de l’Iran, loin de là ».

Antoine Basbous estime que l’Etat hébreu dispose de moyens limités pour mener une éventuelle riposte. « Israël ne peut pas tout faire à la fois », soutient-il, alors qu’il serait déjà en train, à l’aide d’une « banque de 37.000 cibles », d’« éliminer les commandants du Hezbollah avec l’intelligence artificielle et les drones », en parallèle de la guerre qu’il mène à Gaza.

Un conflit qui remonte à 1979

« Ce que veut Nétanyahou, c’est entrainer les Etats-Unis à venir détruire le programme nucléaire iranien », décrypte le politologue, mais les Etats-Unis auraient annoncé « qu’ils n’y allaient pas ». « Israël a les capacités de faire des dégâts en Iran mais n’a pas à lui seul la capacité de briser l’échine de l’Iran », résume-t-il.

Le politologue revient également sur la chronologie du conflit entre Israël et l’Iran, qui daterait de la Révolution iranienne. Avant 1979, Israël disposait « d’une alliance avec le Shah et d’une ambassade à Téhéran », relate-t-il. Mais après son arrivée au pouvoir, la République islamique, alors dirigée par l’ayatollah Khomeini, avait rapidement « remis l’ambassade israélienne à Yasser Arafat et à l’OLP », et "investi sur la cause palestinienne".

 

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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