Cinq Occidentaux sont portés disparus depuis quatre jours

Interview d’Antoine Basbous, Directeur de l’Observatoire des Pays Arabes, à Paris «Al-Qaïda veut montrer que la situation ne s’est pas améliorée»

Comment expliquer la recrudescence d’enlèvements en l’Irak ?

Zarqaoui ( n.d.l.r.: le chef d’Al-Qaïda en Irak ) n’a jamais cessé de pratiquer des enlèvements d’Occidentaux, mais il est vrai que les prises d’otages sont plus nombreuses depuis la conférence du Caire de novembre 2005 ( n.d.l.r.: réunion au cours de laquelle les chiites, sunnites, Kurdes et chrétiens d’Irak sont tombés d’accord notamment sur une condamnation du terrorisme et une demande d’un calendrier de retrait des troupes étrangères ).

Pourquoi ?

Le chef d’Al-Qaïda, sunnite, veut montrer que la situation en Irak ne s’est pas améliorée et que la réunion n’a servi à rien. Zarqaoui fait enlever et exécuter non seulement des Chiites, qu’il qualifie d’hérétiques, des politiciens, des hauts fonctionnaires mais aussi des Occidentaux qui sont considérés comme complices du nouveau pouvoir qui se met en place en Irak. Il faut dire que les rapts d’Occidentaux rencontrent un grand écho médiatique, ce qui arrange Al-Qaïda: cela donne du retentissement à son action.

Combien d’Occidentaux se trouvent aujourd’hui en Irak ?

Hormis les 150 000 soldats étrangers très peu, mais je ne connais pas leur nombre. Après les enlèvements de Christian Chesnot, Georges Malbrunot, Florence Aubenas et d’autres, moins de ressortissants occidentaux se sont rendus en Irak. Sur place, ils prennent énormément de précaution. Lors du référendum du 15 octobre dernier, les journalistes sont restés groupés et n’ont effectué que de petits déplacements, toujours dans des zones sécurisées.

A votre avis, comment va évoluer la situation ?

Je ne suis pas optimiste pour la suite. Jusqu’aux élections du 15 décembre prochain, la violence sous toutes ses formes risque d’augmenter. Même des sunnites ( n.d.l.r.: au pouvoir durant le règne de Saddam Hussein ) pourraient être visés par Al-Qaïda s’ils acceptent de collaborer avec le nouveau régime.

Céline Fontannaz