10/12/2013 Texte

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Sommet des pays du Golfe: plus que jamais divisés sur l'union et l'Iran

Les six monarchies pétrolières du Golfe ont ouvert mardi à Koweït leur sommet annuel au milieu de divisions sur un projet d'union proposé par l'Arabie saoudite et l'attitude à adopter face à leur voisin iranien.

Ce sommet de deux jours se tient en l'absence des chefs d'Etat d'Arabie saoudite, d'Oman et des Emirats arabes, membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe aussi le Koweït, Bahreïn et le Qatar.

L'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a rappelé, dans un bref discours d'ouverture, que les membres du CCG s'étaient "félicités" de l'accord intérimaire signé en novembre entre Téhéran et les grandes puissances et émis l'espoir qu'un accord final "mettra la région à l'abri des tensions".

Dans son discours, l'émir du Koweït n'a cependant pas évoqué le projet d'union du Golfe, rejeté d'avance par Oman qui a menacé de se retirer du CCG si le projet était adopté.

"Nous sommes contre l'union des pays du CCG", avait déclaré la semaine dernière le ministre omanais des Affaires étrangères, Youssef ben Alaoui, qui s'exprimait lors d'un forum sur la sécurité régionale à Bahreïn.

Il réagissait à un discours du ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères, Nizar Madani, qui avait appelé les pays du CCG à s'unir pour faire face aux nombreux défis auxquels la région est confrontée.

Jamais un membre du CCG n'a été aussi clair dans son refus de ce projet défendu par Ryad, qui s'inquiète d'une influence régionale grandissante de l'Iran, notamment après l'accord signé en novembre à Genève.

"Le CCG traverse des crises internes", a souligné à l'AFP Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, basé à Paris, en citant "les divisions entre ses membres et les divergences sur l'attitude à adopter face à l'Iran".

"Certains pays comme le Qatar craignent, même s'ils ont verbalement soutenu le projet saoudien, une hégémonie de Ryad", estime M. Basbous.

En outre, les relations sont tendues entre ces deux pays qui affichent des positions aux antipodes sur les dossiers syrien et égyptien, remarquent des analystes.

Les Emirats arabes unis ne se montrent pas non plus enthousiastes pour le projet d'union.

Mardi, l'influent quotidien Al-Khaleej, qui reflète les vues officielles des Emirats, a clairement souligné qu'il convenait avant d'envisager une telle union de mettre fin aux divergences au sein du CCG.

Le ministre d'Etat koweïtien au Conseil des ministres, cheikh Mohammad Abdallah Al-Sabah, avait laissé entendre à la veille du sommet que ce projet ne serait pas abordé à Koweït: "Une fois le consensus obtenu, un sommet spécial serait convoqué à Ryad à ce sujet".

Offensive de charme de l'Iran

L'offensive de charme lancée par l'Iran en direction de ses voisins arabes après l'accord de Genève divise en outre les monarchies du Golfe. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif s'est rendu récemment dans quatre des pays du CCG (Emirats, Oman, Qatar et Koweït).

En dépit de ses appels en direction de l'Arabie saoudite qu'il a invitée à ouvrir une nouvelle page avec l'Iran, il n'a pas été reçu à Ryad. Le ministre iranien ne s'est pas non plus rendu à Bahreïn, où les autorités soupçonnent Téhéran de soutenir la contestation chiite.

"L'Arabie saoudite est très en colère à propos du rapprochement entre l'Iran et les Etats-Unis et y voit un coup de poignard dans le dos", selon M. Basbous.

Des responsables saoudiens ont publiquement exprimé leur déception à l'encontre des Etats-Unis auxquels ils reprochent en outre leur passivité en Syrie où le conflit a déjà fait plus de 126.000 morts en 33 mois.

"Les divergences sont réelles au sein du CCG mais le besoin de plus de rapprochement existe", tempère l'analyste Abdel Khaleq Abdallah des Emirats.

"Le CCG connaît des hauts et des bas mais il est là pour perdurer", a-t-il ajouté à propos de ce groupement régional qui contrôle 40% des réserves pétrolières mondiales et le quart des réserves de gaz.

D'autre part, présent à l'ouverture, le chef de la Coalition de l'opposition syrienne Ahmad Jarba a répété que la Coalition participerait à la conférence de Genève-2, mais à condition que le président "Bachar al-Assad n'ait pas de rôle dans un gouvernement de transition".


Propos recueillis pour boursorama.com

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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